Abbaye de Signy

Histoire de l'Abbaye

Fondation cistercienne, filiation de Clairvaux

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Dans un site presque montagnard en bordure du plateau calcaire de la forêt de Froidmont, Signy est née d'une abbaye cistercienne fondée probablement sur intervention de Bernard de Clairvaux en 1131. La charte-notice ne fut rédigée qu'après coup, en 1135. Ainsi, à l'Annonciation 1135, douze moines arrivèrent d'Igny en 5 jours de marche par la voie romaine menant à Château-Porcien puis en empruntant les chemins de crêtes qui traversent Chaumont-Porcien, pour gagner Draize, jusqu'à cette antique et harmonieuse clairière, ouverte dans la forêt de Signy par d'anciens défrichages, en contrebas du Gibergeon jaillissant.

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Bernard de Clairvaux devait tenir Signy dans une estime toute spéciale pour autoriser Guillaume abbé de St-Thierry, son ami et son biographe depuis leur rencontre de 1118, à y entrer comme simple moine dès 1135. Guillaume fut le premier à alerter Bernard des erreurs d'Abélard. Depuis leur lecture commune du "Cantique des Cantiques" lui révélant l'expérience personnelle de la présence divine, il se montra un théologien de la vie mystique des plus féconds.
Sa spiritualité sur l'Amour de Dieu et l'Esprit Saint a fortement marqué l'Europe du Nord. A Signy, ses oeuvres littéraires, dont en 1138 la célèbre "Lettre aux frères du Mont-Dieu " ou "Lettre d'Or", se succèdèrent à un rythme accéléré jusqu'à sa mort le 8 septembre 1148. Enterré à l'abbaye, sa translation en 1215 équivalait à l'époque à une béatification. La présence de sa sépulture donne à ce site démantelé à la Révolution l'attrait d'un site de mémoire.

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Très rapidement, le domaine de l'abbaye s'agrandit par le resserrement du maillage des possessions entre les vallées de la Vaux et du ruisseau de Saint-Fergeux, et par l'augmentation des biens entre Reims et Laon. Il fut fructueusement exploité. Maimby et Draize, à 5 et 8 kms de Signy, furent très tôt érigées en granges, et avant 1200 Bray, Ruisselois et Chaudion, distantes de 8 à 10 kms de Signy, deviennent d'importantes granges céréalières, le terroir de Signy étant réservé à l'élevage et à la forêt. La grange de Waleppe fut donnée à l'abbaye de Bonnefontaine lors de sa fondation en 1152. Comme la plupart des abbayes de l'époque, les moines brassaient de la bière pour leur consommation et celle des pélerins de passage, les boissons fermentées étaient en effet à l'époque beaucoup plus saines que l'eau, souvent contaminée.
Le XIIIème siècle voit la constitution de quatre autres granges : Chappes, Mésancelle, Lavergny, grange du vignoble laonnois et l'Ecaillère, entre Rimogne et le Châtelet, grange spécialisée dans l'extraction de l'ardoise associée à l'élevage ovin, qui succède à l'exploitation de Fumay, située trop loin de Signy. Ces granges reliées à un trafic beaucoup plus lointain vers les Flandres et les pays mosans donnèrent à l'abbaye un important rôle économique régional.
Les moines multiplièrent au XIIIème siècle les acquisitions de maisons urbaines: à Festieux près de Laon, Marcheel, lieu-dit de Reims, Bruyère, Vorges et Veslud pour le stockage du vin de Lavergny, sur le marché de Launois, à Huy près de Liège non loin de son abbaye-fille du Val-Saint-Lambert fondée en 1200 et Mézières où Signy acheta sa première maison en 1248.

L'église commencée en 1226 ne fut dédicacée qu'en 1514. Elle est du type "cathédrale gothique ". La nef doit son aspect de vaisseau gothique de 11 travées aux importants travaux des XVème et XVIème siècles, (gravure de Chastillon de 1650) alors que le chœur restait celui de la première église (milieu du XIIème).

Entrée en commende en 1550, Signy devint dépendante de grands seigneurs succédant aux abbés réguliers : Charles de Bourbon, oncle d'Henri IV, Antoine de Bourbon, fils d'Henri IV, Armand de Richelieu, L-A d'Harcourt, Louis-Aimé de Bourbon fils de Louis XV, A.-R. de Dillon, Président des états du Languedoc, 49ème et dernier abbé.
Assiégée et pillée par les calvinistes en 1568, les troupes allemandes en 1650, les troupes espagnoles en 1652, l'abbaye fut remise en état en 1672, le mur de clôture étant achevé en 1692. La façade monumentale du dernier bâtiment conventuel date de 1780.
La Révolution s'est appliquée à démanteler ce trop puissant domaine.
Tout fut vendu, démonté, utilisé dans de nouvelles constructions, même l'église que les villageois auraient aimé garder comme église paroissiale.
Le palais abbatial de 1724 élevé hors de l'enclos monastique sur la colline du "château" fut remonté à Rethel. N'en subsistent sur place que les communs et le logis du concierge.

Ainsi, avec des vestiges du XVIIIème siècle reste la croix des convers, monolithe de 7 mètres de haut, qui se dresse maintenant en haut de la rue du Château et perpétue le souvenir d'un combat de 1226, entre les convers du prieur Gilles 1er et les gens de Raoul, comte de Château-Porcien, désireux de reprendre des biens vendus à l'abbaye...

Sur les quelques 3948 volumes de la bibliothèque moins de 300 subsistent à Charleville ou à la Bibliothèque Nationale.

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Reste le terroir façonné par les moines: enclos, ensemble hydraulique, rayères, moulins (Librecy), forges (le Hurtault fournissait les canalisations des eaux de Marly à Versailles, aussi bien que les boulets de Rochefort) étangs dont on voit encore les digues aux viviers de la forêt aussi bien qu'au grand et au petit étang en amont du monastère, granges, vergers, forêts ... espaces caractéristiques de l'organisation cistercienne dans une région qui pourrait devenir un conservatoire de paysages et de savoir-faire...

Le blason de Signy "d'azur à la fasce d'or, accompagné de trois roses d'argent" se trouve être commenté par les deux distiques accompagnant l'écusson de Jean-Marie Baradat, 42ème abbé et 6ème commendataire.
" Tant que les rois garderont les lis de France... qui aurait l'audace de toucher aux roses printanières ? "

Association des Amis de l'Abbaye de Signy